jeudi 18 décembre 2008

Ma suite de luxe

Le blocage étant terminé, j'ai dû retourné à St-Martin vendredi dernier, pour 4 heures de cours, et même pas 24 heures sur place. Je suis une vraie business-woman.
Et j'ai pu découvrir mon nouvel appart (toujours pas celui que j'attends, mais bon) : une suite de luxe, qui nous est payée par l'agence immobilière... pour la modique somme de 1200 euros la semaine! C'est aussi ça St-Martin.
Très bientôt, je mets les photos de cette suite, notamment la vue qui est franchement sublime.
Seul souci, on doit encore déménager le 3 janvier, pour un nouvel appart de transition, on ne sait pas où. Je crois que je vais battre un nouveau record du monde, et devenir riche si je ne paye pas de loyer jusqu'en juin : on a appris hier que pour installer l'électricité dans l'appartement, il faut qu'EDF passe un câble sous la route (la nationale, l'unique de l'île!) et donc il faut percer la route, rien que ça. A moi les suites de luxe gratuites!

mercredi 10 décembre 2008

Débuts de la pénurie

De nouveaux barrages se sont mis en place dans la matinée. On ne peut même plus aller à Ste-Anne, la ville à côté de chez nous, car un camion est en travers de la route.
A la station essence, il n'y a plus de carburant. Au distributeur, plus de billets. Au supermarché, plus de nourriture. Comme on est bien organisé, il ne nous reste que 10 euros, 5 bouteilles d'eau, des pâtes et du riz.
Heureusement, la plage la plus proche est encore accessible : la survie est donc envisageable! D'ailleurs, on a pu faire un peu de bodyboard et prendre des couleurs, sous le regard dégoûté des touristes qui sont bloqués.
Les négociations ont cependant l'air en bonne voie (d'après la radio) et on espère pouvoir aller enfin travailler demain (ce n'est pas totalement ironique, cela dit... on perd du temps pour la préparation au brevet).

Encore bloquée, yeah!

Contrairement à ce qui était annoncé hier à la radio, le mouvement a durci aujourd'hui. Il y a même un barrage sur la petite route des Grands fonds par laquelle Julien va au collège. Ce matin, il n'a donc pas pu s'y rendre, comme presque tous ses collègues.
Ce qui signifie que l'avion n'est toujours pas pour moi aujourd'hui!

mardi 9 décembre 2008

Vive la grève générale!

Depuis hier, la Guadeloupe est en "grève générale". En fait, les transporteurs (surtout les bus hier - qui sont privés ici, et les camions du BTP en plus aujourd'hui) protestent contre le prix du carburant ici. Le mouvement a déjà eu lieu en Guyane il y a quelques semaines, car le prix de l'essence atteignait 1,7 euros le litre. Les Guyanais, qui ont bloqué toute la région (il n'y avait plus d'essence), ont obtenu une baisse significative.
En Gwada, le litre de gazole est à 1,2 euros, l'essence à 1,4... Contrairement à ce qu'on pense, le pétrole d'ici ne vient pas du Moyen-Orient, mais de tout près de chez nous : le Venezuela! Il n'y a pas non plus ici de TIPP comme en France. En fait, le prix élevé est dû au fait qu'il n'y a qu'une seule raffinerie, située en Martinique, et surtout qu'il y a des taxes très élevées prélevées par la région Guadeloupe. Ces taxes permettent en fait de compenser ce que l'Etat ne donne pas à notre région - taxes difficiles à diminuer donc.
Depuis hier, les transporteurs protestent donc et veulent que les compagnies pétrolières baissent le prix, afin de répercuter la baisse du baril.
Il y a donc de nombreux barrages, principalement sur les grands axes routiers, qui empêchent totalement les gens d'aller travailler. Pour mon plus grand bonheur : je n'ai pas pu aller à l'aéroport hier et suis donc restée en Gwada!
Yves Jégo, secrétaire d'Etat aux DOM TOM, a dit hier qu'il ne pouvait rien faire, que cela ne concernait que les compagnies pétrolières et qu'il fallait cesser les blocages, néfastes au tourisme...
Donc, aujourd'hui, fatalement, le mouvement s'est intensifié. Il est très soutenu par la population, car effectivement, le prix du carburant est excessivement cher, pour une population plus pauvre qu'en métropole, et plus dépendante de la voiture.
La préfecture a même recommandé ce matin de ne pas faire de déplacement, de rester tranquillement chez soi... J'adore cette préfecture! Ce matin, on est quand même parti à 6h15 pour aller bosser, et je pensais prendre l'avion cet aprèm. Mais les cours de Julien ont été annulés, tous les élèves renvoyés chez eux, et la route de l'aéroport toujours bloquée : un jour de plus en Gwada!
Demain, il doit y avoir une réunion avec Yves Jégo, qui a dit aujourd'hui qu'il avait négocié avec les compagnies pétrolières (euh, le contraire de ce qu'il a dit hier...?) Pour la suite, suspense, donc...
On a donc passé cette journée à la plage, héhé! C'est mieux que les grèves à Paris...

samedi 6 décembre 2008

Collègue pédophile

En septembre, un de mes collègues d'histoire-géo, arrivant de Mayotte, avait disparu puis avait été remplacé par une autre professeure. Je pensais qu'on lui avait trouvé un poste en Gwada comme il le souhaitait (j'étais d'ailleurs bien dégoûtée!) Un collègue m'avait dit qu'en fait, il était en congé. Et des élèves me disaient qu'il avait été viré par le principal (ils croient toujours que le principal a tous les pouvoirs...) car il était trop "vicieux". Bref.
Hier, j'apprends avec horreur la véritable raison de son absence : il a été arrêté pour pédophilie... Il était recherché depuis Mayotte, son dossier avait été transféré à Paris puis ici.
Et hier, un professeur du lycée de St-Martin a été arrêté en plein cours, menotté devant les élèves, car il est lui aussi soupçonné de pédophilie...

Quand la porte de l'avion est bloquée...

Spécialement pour David, voici le retour de la prof qui se plaint des retards d'avion. (cela dit, 2 retards de 2h en 4 jours, c'est vraiment dur pour l'Education nationale ;)
Donc, hier, après mon déménagement d'urgence, je vais à l'aéroport m'enregistrer et là : "il y aura un retard de 30 minutes".
Hum, cool, j'adore attendre dans cet aéroport pourri où il n'y a même pas de quoi acheter un journal... Et puis, c'est cool : Julien m'attend depuis qu'il a fini à 11h. Il va être ravi.
En fait, il n'y a pas eu 30 minutes de retard, mais 2h... Eh oui, la porte de l'avion s'était bloquée, et celui-ci n'avait donc pas pu décoller de Pointe-à-Pitre. Il ne risquait pas d'arriver à St-Martin tout de suite!
Voilà comment, à cause de cette mutation pourrie, je me retrouve à passer l'après-midi dans les aéroports et Julien à m'attendre à son collège pendant 7h... Vivement l'année prochaine (inch'allah).

Encore un déménagement!

J'ai appris jeudi à 18h30 que l'agence immobilière m'avait trouvé un nouvel appart (vu que je m'étais plaint du studio) en attendant le vrai futur... Donc j'ai dû déménager hier (vendredi) entre mes cours (12h) et l'avion (13h). Faut dire que j'ai très peu d'affaires à St-Martin : juste quelques fringues et mes bouquins pour bosser, et puis je deviens experte à force.
Le nouvel appart est un T3 et j'y serai donc avec ma coloc. Il est très beau, avec une vue magnifique sur le lagon et sur Orient Bay, une des plages les plus jolies de l'île. Ca va changer des combats de chiens errants la nuit et de mes 15m2...
On y sera pour une ou deux semaines, en attendant le prochain. Et on compte bien en profiter.

mercredi 3 décembre 2008

Grand-Case, l'aéroport hors normes...

Cette semaine, j'ai encore une bonne surprise en avion.
Comme tous les lundis, Julien me dépose à l'aéroport de Pointe-à-Pitre vers 14h. Je m'installe pour bosser, je patiente, je vais faire la queue pour enregistrer à 15h30, puis je fais la queue pour la douane (16h), puis je fais la queue pour le contrôle de sûreté.
Arrivée en salle d'embarquement, je bouquine tranquillement, tout en trouvant le temps un peu plus long que d'habitude. Effectivement, à 16h30, alors qu'on devrait être en train de décoller, une voix annonce qu'en raison d'un problème d'appareil, il va y avoir du retard. Départ prévu à 17h15.
Bien sûr, vous ne percevez pas l'ampleur du problème car vous ignorez que l'aéroport de Grand-Case, où nous atterrissons, est un peu particulier.
Eh oui, il n'est pas aux normes de sécurité. Ca veut dire, entre autres, qu'aucun avion ne peut y atterrir la nuit, car il n'y a pas de lumière sur la piste, hahaha!
Moi, je le sais depuis septembre (Julien en a fait l'expérience) donc j'ai deviné que nous allions atterrir côté hollandais, c'est-à-dire très loin de chez moi et surtout loin de ma voiture qui m'attend à l'autre aéroport. Rien de tel pour égayer ma soirée!
Nous sommes donc arrivés à Juliana, là où aucun employé ne parle ne serait-ce qu'un mot de français et ignore également répondre à un "hello", ou à un "thank you", ou toute autre chose. A l'immigration, 5 personnes à 5 guichets : 1 seule s'occupe de nous. Je fais donc encore une fois la queue!
Et puis, après avoir récupéré nos bagages, on sort devant l'aéroport, à la recherche de la navette de la compagnie aérienne, censée nous transporter à Grand-Case pour récupérer nos voitures. Mais, de navette, aucune trace! On s'est bien fait avoir...
Heureusement, une personne rencontrée dans l'avion a appelé un ami et m'a proposé qu'il me dépose aussi.
Je suis donc finalement arrivée à Grand-Case avec plus de 2h de retard (1h de route entre les 2 aéroports à cause des bouchons), ce qui, sur un vol de 45 minutes, est tout de même pas mal.
Vivement la prochaine aventure.

Perles du conseil de classe

Aujourd'hui, j'ai vécu mon 1er conseil de classe saint-martinois, un moment unique!
J'ai appris que :
- j'ai une élève de 3e qui traîne toutes les nuits dans un bar latino genre jusqu'à 2h du mat'
- le principal l'a même vue plusieurs fois car il "sort souvent la nuit"
- j'ai un élève borgne à vie (je pensais bêtement que son oeil rempli de sang allait se soigner un jour!)
- j'ai un élève qui a une jambe tordue depuis qu'il est petit (accident) et que ses parents attendent qu'il ait 16 ans pour que l'opération coûte moins cher
- j'ai un élève asthmatique et sa mère refuse de lui acheter une ventoline car ça coûte trop cher
- j'ai un élève qui est très violent mais c'est pas sa faute, il va faire des examens neurologiques, tout va bien
- j'ai une élève qui s'est fait frapper ce matin mais c'est sa faute, elle l'avait bien cherché : faut jamais insulter Saïd
- j'ai un élève qui pète dans tous les cours, et il doit vraiment manger des choses indigestes vu l'odeur qu'il dégage
- j'ai une élève qui me répond tout le temps avec insolence mais on peut pas le mettre sur le bulletin, vous comprenez, c'est pas le lieu
- j'ai un élève qui devrait être en SEGPA, ne comprend absolument rien à rien, ne sait ni lire ni écrire, mais je le prépare à l'épreuve du brevet d'histoire (peut-être qu'étudier l'URSS de Staline et le Front populaire va un jour le réveiller?)
- j'ai plusieurs élèves qui savent pas lire, mais ils ont qu'à travailler plus
- j'ai une élève qui n'est jamais là, mais c'est parce qu'elle préfère rester dehors
- si on a 6 de moyenne générale, c'est vraiment qu'on est un mauvais prof
- 45 demies journées d'absence en un trimestre, c'est tout à fait courant
- pour finir, certains profs ont toujours raison, d'autres toujours tort...

Sans domicile fixe

Je vais bientôt détenir un nouveau record du monde : je viens de faire mon 7e déménagement de l'année, pas mal non?
Jusqu'à présent, à St-Martin, j'étais dans un studio (trouvé depuis la France sur internet) à Marigot. La résidence était à première vue merveilleuse (piscine, porte qui donne sur la plage, vue sur la marina et les montagnes...); mais, bon, en fait, la piscine n'était que boue et nid à moustiques car non entretenue, la plage n'était pas très praticable car souvent bien sale, la rue ultra bruyante et remplie de mes élèves qui pouvaient me voir en train de faire la sieste! Tout ça pour la modique somme de 550 euros...
Dès septembre, j'ai donc décidé de bouger. Avec Aurélie, une amie d'ici, on a trouvé un appart en coloc pour 500 euros chacune : super grand, super beau, super vue sur la mer et l'île d'Anguilla, située à Grand-Case près de l'aéroport... Tout pour plaire! Sauf que l'appart n'était pas encore vraiment fini, c'était dans un immeuble en construction. Mais, on nous a garanti qu'on l'aurait dès le 15 octobre. Parfait.
Mais nous sommes le 3 décembre, et toujours pas d'appart! Entre temps, j'ai réussi à prolonger mon préavis de studio jusqu'au 30 novembre.
Et, en décembre, je suis logée par l'agence immobilière dans un mini studio qui craint et plein de chenilles! La classe... Souci : je n'ai pas vraiment de porte en fait : juste une baie vitrée, qui ferme avec une clé ridicule, pas de volets pour fermer... si bien que le proprio m'a vivement conseillé de ne jamais, au grand jamais, laisser mon ordinateur portable en mon absence (c'est le seul objet de valeur que j'ai, heureusement!) et de toujours veiller à bien tirer les rideaux pour ne pas montrer que l'appart est habité. J'étais bien entendu enchantée à l'idée d'habiter cette chose...
Et puis, lors de ma première soirée ici, la voisine d'en face vient me voir et me dit :
"you should put your car next to you!"
- why? it's not safe here?
- no! they often steel cars there.
- (trop cool!) you think I should put it closer?
- yes, because, then, if they steel your car, you can hear them and go out!
Oui, bien sûr, je me vois bien sortir en pleine nuit pour hurler à des gars de me rendre ma voiture... (en anglais)
Du coup, j'ai passé une nuit extrêmement reposante, n'est-ce pas. Avec en plus, les décos de Noël des voisins qui clignotent à travers mes rideaux, c'était féérique!
Heureusement, je ne dors à St Martin que 4 nuits par semaine.
Et le point positif dans tout ça, c'est que j'ai très hâte de déménager pour la 8e fois de l'année!

mercredi 26 novembre 2008

La Perle

Après un réveil difficile, rien de tel qu'une virée sur une autre plage, voisine et superbe : la plage de la Perle. En images...


Teuf et bivouac sur la plage


Samedi dernier, si nous avons lâchement abandonné notre cher Rudy, c'est parce que des potes organisaient une teuf sur la plage de l'anse Tillet (sur Basse-Terre). Au programme, du son jusqu'à 8h0 du mat'!
On est arrivé sur place à minuit, on a bien dansé et squatté sur la plage, sans voir à quoi elle ressemblait. Le ciel était illuminé par des milliers d'étoiles... (Alex, amène ton télescope!)
Bien sûr, on avait pas monté notre tente et, de nuit, c'est jamais très pratique de trouver l'endroit idéal pour la planter... Heureusement, on a résolu le problème : on ne s'est couché qu'à 6h30, il faisait jour. La découverte du site le jour était superbe. Voici quelques photos :


La plage et la vue sur l'îlet Kahouane.



Petite ambiance Robinson avec table pour le petit-déj à 14 h...


Julien a un peu de mal à se lever... Il aime trop notre tente 2 secondes. D'ailleurs, je vous épargne les photos de son réveil, pas très glorieux!

L'esprit de Noel... par 30°

Ici, aussi!

mardi 25 novembre 2008

Le samedi, c'est Port-Louis

Ce week-end, la météo annonçait une houle du nord. Mon surfeur de mec n'avait donc qu'une idée en tête : foncer à Port-Louis pour tester ce spot de surf (qui ne fonctionne qu'avec une houle du nord).

Regardez bien, on voit un surfeur sur la vague.

Pendant qu'il était sur son body, je me suis fait une session natation dans cette eau et ce paysage que je trouve paradisiaques. Un plaisir!



Pas loin, les lignes d'eau pour les cours de natation des tout petits. "Allez, on étire les jambes!", "allez, sans les bras!" Trop mignon. C'est quand même autre chose que nos piscines chlorées pour apprendre à nager.

Les lignes d'eau et le fameux cimetière à l'arrière-plan.

Et puis, l'énorme avantage de cette plage : le coucher de soleil sur Basse-Terre. On ne s'en lasse pas...
Eh, on n'est pas beaux à contre-jour??

En parlant d'avion...

Hier, on nous annonce, peu avant d'arriver, que l'atterrissage va être mouvementé en raison du vent (tout le week-end, il y a eu de grosses rafales à St-Martin; pour preuve, la houle que je vois depuis le hublot). Tout de suite, je me sens ragaillardi : j'adore les frayeurs en avion bien sûr...
Eh bien, effectivement, notre arrivée a été bien mouvementée. On tanguait un coup à droite, un coup à gauche, puis ainsi de suite jusqu'à ce qu'on pose nos roues sur la piste. Sachant que l'on survole les toits de Grand-Case en étant à quelques mètres seulement d'altitude, c'était franchement flippant... Vivement la fin de la saison cyclonique.

France 2 à St Martin

Lundi dernier, France 2 diffusait une émission spéciale sur les noirs après la victoire d'Obama, dans Complément d'enquête. On peut y voir un petit reportage sur mon île saint-martinesque, à propos du racisme.
Si cela vous tente, si vous voulez voir quelques images d'ici, allez-y : c'est disponible sur le site de l'émission via France 2. On voit même des images prises de mon avion hebdomadaire!
En plus, on voit bien qu'ici c'est un peu le bordel, notamment en ce qui concerne les langues parlées.

David Hallyday, un must pour les enterrements

Petite anecdote déjà un peu ancienne. Un samedi, alors que j'étais en train de nager tranquille à Port-Louis, un enterrement se déroulait sur la plage. Précision : ici, presque tous les cimetières sont au bord de la mer (je ne sais pas encore pourquoi...). Donc, je vois arriver le cortège vêtu de noir et blanc ainsi que le corbillard, puis marcher le long de la plage et des gens en maillots de bain, en direction du cimetière.
Le spectacle est déjà saisissant. Seul chose qui prête à rire : le cortège se déplace, non pas au son d'un cantique, ou d'une musique douce, mais avec du David Hallyday à fond! "Tu ne m'as, pas laissééééé, le temps!"
Etrange tout de même.
Mais ne croyez pas que ce soit un cas isolé, une erreur de programmation... Samedi dernier, même lieu, même heure, même cortège. Cette fois, je n'étais pas assez cultivée pour reconnaître le chanteur, mais c'était du même acabit.

Notre chat est arrivé!


Depuis vendredi, pour notre plus grand bonheur, nous avons un nouvel habitant à la maison : Rudy, chat roux et blanc, tout mignon et adorable...
C'est un ami (frère de Yann!) qui nous l'a donné. Julien était un peu hésitant, mais à force d'entendre des rats dans les arbres du jardin, il s'est décidé! Une mission donc pour Rudy : être un "rude boy", un gangster contre les rats du tier-quar!
Le souci, c'est que le fameux Rudy n'a pas l'air très rude pour l'instant... Son départ de l'ancienne maison semble l'avoir carrément traumatisé : déjà, pour le porter dans la voiture, ça a été sportif... Puis dès son arrivée, il a fui comme un sauvage. Sympa! Nous qui étions plein d'amour pour lui!!
Toute la soirée, vendredi, nous l'avons attendu, cherché... Se promener dans le quartier en appelant "rudy, rudy!" et en remuant des croquettes à la main est d'ailleurs une activité que je recommande à tout un chacun. Malgré nos efforts, le gars ne se pointait pas...
C'est seulement, quand, désespérée, j'ai fermé les portes de la terrasse (oui, ici, il ne neige pas encore), que j'ai aperçu sa frimousse dans la haie qui nous sépare de la voisine.
Nous l'avons appelé et appâté avec les croquettes, et il a accouru dans nos bras... Wow, c'était beau!
S'en est suivi une grosse séance de câlins pour lui et une nuit cachée derrière le canapé. Il a encore l'air terrorisé!
Le lendemain, on a vaqué à nos occupations et en début de soirée, impossible de retrouver le chat... Une nouvelle fois, Rudy se faisait désirer... On l'a retrouvé seulement 24h plus tard quand des voisins nous l'ont apporté. Il avait passé la nuit chez lui, cet ingrat! (Il faut dire qu'on a pas dormi chez nous...)
Enfin, depuis, c'est le big love... même si nos espoirs de chasse anti-rats s'anéantissent peu à peu... L'avantage d'avoir un chat trouillard, c'est qu'il passe son temps à nous courir à près.

vendredi 21 novembre 2008

Le nouvel envoyé de Dieu

Rien de tel qu'un cours sur Louis XIV avec des 4e un peu à la rue pour rigoler.
- A l'époque, les gens pensaient que Louis XIV était envoyé par Dieu. C'était le représentant de Dieu sur terre, il avait choisi par lui. Donc il ne fallait pas du tout lui désobéir.
- Madame, c'est comme ça encore aujourd'hui?
- Euh, non, c'est ce que les gens pensaient à l'époque.
- Mais si, Madame, c'est comme Obama. C'est Dieu qui l'a envoyé Obama!
... Je n'y avais pas encore pensé!

Le Noir attire la chaleur?

Ce matin, alors que j'attendais, au soleil, que mes 3e se mettent en rang, au soleil, un élève restait tranquillement à l'ombre. Je lui demande de se ranger comme les autres.
- Mais, Madame, le soleil me fait chaud!
- Eh bien, moi aussi! J'attends depuis 5 minutes!
- Oui, mais toi, tu es blanche! Ca te fait moins chaud...
Euh??

L'esprit de Noel... par 30°

Que se passe-t-il? Je sors du collège à 11h30 ce matin, et je vois les décorations de Noël qui ont été installées dans la rue principale de Marigot... mais il fait bien 30°, j'ai chaud dans ma voiture non climatisée, le ciel est bleu avec un grand soleil... C'est vraiment étrange de voir tout ça sous cette chaleur.
Et puis, à Carrefour (en Gwada), les rayons chocolats, jouets, cadeaux de Noël ont été installés aussi. Il y a les guirlandes partout pour décorer le magasin.
C'est vrai qu'on est déjà en novembre.

mercredi 19 novembre 2008

Notre kaz


Voici quelques photos de notre kaz pour ceux qui viennent de prendre leurs billets d'avion :)
C'était avant qu'on emménage.



Une heure à attendre le silence, c'est pas mal non plus

Cet épisode a été immédiatement suivi par une heure de cours des plus passionnantes, on peut même dire sensationnelle.
J'avais ma classe de fous juste après. Fidèles à eux-mêmes. Ils ne se taisaient pas, ce que j'adore bien sûr. Dans ces moments-là, ce qui marche - d'habitude - c'est de les laisser debout tant qu'il y a du bruit. Souvent, ils se lassent vite.
Mais ce matin, il faut croire que, pour une fois, ils avaient de bonnes jambes. La mascarade a duré une heure : j'attendais 15 secondes de silence d'affilée... ce n'est jamais arrivé.
A la fin de cette heure sympathique, j'ai mis des avertissement à ceux qui avaient été les moins coopératifs et là, deux des garçons se sont mis en colère contre moi : il paraît que je ne punis qu'eux et que je leur mets des avertissement tous les jours. Je suis vraiment odieuse! Bref, très énervés, les deux ont fait comme s'ils allaient me frapper : heureusement, leurs coups de poing se sont contenter de frapper dans les airs... Cette fois-ci.
Deux de mes collègues ont failli se faire frapper cette semaine. Le principal, homme supérieurement intelligent, a donné son verdict : c'est la faute des professeurs. Elles ne savent pas tenir les élèves! Tant pis pour elles. Pas de sanction pour les élèves.
Idem pour ceux qui répondent à une prof : "garde mon contrôle dans ton cul".
Oui, les élèves sont charmants par chez nous.

Fuck, ça fait du bien

Ce matin, j'ai eu l'agréable surprise de me prendre un "fuck" dans la gueule de la part d'une élève de 3e. Ca fait toujours plaisir... Surtout quand c'est suivi par un "shit". C'est encore mieux, ya pas à dire.
L'élève en question a donc été exclue. Elle est revenue me voir à la fin du cours de la part du CPE pour présenter ses excuses.
Mais pas plus : quand je lui ai dit que j'allais faire un rapport sur cette insulte, elle m'a répondu tranquillement que je ne devais pas le faire, non non, vu qu'elle s'était excusée.
C'est bizarre, elle ne m'a pas convaincue.

De l'influence de la télévision sur des élèves (presque) sans esprit critique

Le saviez-vous? Barack Obama a dit qu'il allait peindre la White House en noir! Mais si, je vous l'assure, ce sont mes élèves qui me l'ont dit! Ils l'ont vu à la télé, donc c'est certain. Quel scoop quand même...

Nos amis les iguanes



Que ce soit en Guadeloupe ou à Saint-Martin, on peut croiser ces drôles de bêtes! Il y en a même un qui se promène parfois autour de mon immeuble à Marigot, ou sur le parking. Il s'est adapté à son nouveau milieu!
Il y en a beaucoup en terre un peu aride en fait : aux Saintes, à St-Martin et à Petite-Terre.
Lors de notre virée sur Petite-Terre (mini îles paradisiaques qui sont réserves naturelles au large de la Guadeloupe), on s'est fait un pote iguane. Le gars était malin : il venait nous voir et nous soutirer de la nourriture... Bien sûr, on a marché! J'en connais une qui ne voulait plus les quitter... On a pu assister à la sieste de l'iguane, mais aussi au combat entre deux mâles : celui qui grimpe sur le cocotier a gagné, car il a marqué son territoire. Tout ça pour rester près de nous... Comme vous pouvez le voir, ils sont plutôt inoffensifs en tout cas (n'est-ce pas Soiny?).

Un peu de forêt

Devant les réclamations unanimes pour plus de photos, je fais les fonds de tiroir (sur mon ordi à St Martin, j'ai pas grand chose)et vous montre un peu à quoi ressemble la forêt tropicale par ici.
Vous voyez, pas grands chose à voir avec celle du bois de Vincennes!
C'est le royaume des lianes, de la luxuriance, des rivières, des bambous... En Basse-Terre, il y a 1000 balades à faire (et d'ailleurs, on n'a pas encore vraiment commencé!)


dimanche 16 novembre 2008

Le scolopendre du jour

Ce soir, en faisant la vaisselle, Julien a eu le bonheur de trouver un scolopendre au fond de l'évier! (c'est un insecte ressemblant à un mille-pattes, dont les piqûres sont très douloureuses - mais rarement mortelles; en gros, c'est un peu un scorpion, mais c'est vraiment bien laid) Celui-ci arrivait tout droit des canalisations et était vraiment une belle bête... Il a eu droit à un traitement de marque : grosse panique, suivie de nombreuses projections d'insecticides dans sa tête horrible, toujours la panique, encore des projections d'insecticide, faiblesse de l'insecte, découpage au couteau en 3 morceaux qui bougeaient encore, cris de victoire, immolation par le feu sur la terrasse pour montrer à toute la population scolopendresque ce qui les attend s'ils osent pénétrer chez nous.
C'est aussi ça les joies de la vie en Guadeloupe.

Saint Martin, l'envers du décor

Il y a deux semaines, deux nouveaux meurtres ont eu lieu sur Saint-Martin.
Victor, un jeune de moins de 25 ans, métropolitain, a été tué alors qu'il tentait de retirer de l'argent à un distributeur, côté hollandais. Le distributeur était en panne, Victor et ses 3 amis n'ont donc pu contenter les 4 jeunes qui les braquaient. La suite : des coups de couteaux sont partis, 3 personnes ont été blessées, et Victor en est mort. 2 accusés sont en garde à vue : 14 et 16 ans...
Une Saint-Martinoise a été tuée dans sa maison en raison d'un incendie criminel. Son ancien mari en serait le coupable. Le bébé, âgé de 15 mois, est également mort dans l'incendie.
Ces deux faits divers ont fait la une des journaux et le nouveau sujet des conversations. Une "marche blanche" contre la violence a été organisée à la suite du meurtre de Victor; une marche contre les violences conjugales a eu lieu également. Puis, une réunion exceptionnelle s'est tenue afin de trouver des moyens de faire diminuer la violence à St Martin.
Contre ceux qui croient qu'il s'agit seulement d'un phénomène insulaire - comme l'île est petite, chaque meurtre est médiatisé, tout le monde est au courant et cela amplifie le phénomène; mais il n'y a pas plus de meurtres en proportion à St Martin qu'ailleurs en France - voici des chiffres éloquents :
- 8 meurtres depuis janvier 2008 partie française, sur une population recensée de 30 000 habitants, voire 50 000 habitants selon des estimations (avec les sans-papiers)
- 1,6 meurtres pour 100 000 habitants par an.
--> A Saint-Martin, il y a donc eu 8 meurtres pour 50 000 habitants en 2008, c'est-à-dire 16 pour 100 000, soit 10 fois plus qu'en France (métropole+DOM).
Belle performance.

dimanche 9 novembre 2008

"Madame, tu as voté pour Obama?"

Oui, tout à fait, je suis américaine bien sûr... Bon, ça a été la grosse question de la rentrée : pour qui les profs avaient voté.
J'avais décidé de faire une heure de cours à propos de l'élection américaine avec chacune de mes classes. Je n'ai pas été déçue!
Premier constat : tous avaient bien suivi l'élection à la télé (héhé pour nous c'était en direct, pas de décalage horaire :))et savaient que c'était le 1er président noir.
Mais les réactions étaient bien différentes selon les classes et leur niveau.
Avec ma "bonne" classe de 3e, le cours fut très calme. Les élèves posent des questions et je m'aperçois que certains savent beaucoup plus de choses que moi sur l'histoire du mouvement noir aux Etats-Unis (c'est pas difficile, j'y connais pas grand chose).
Avec les autres classes, "moyennes", ce fut très mouvementé : tous les élèves voulaient prendre la parole. Certains ont demandé pourquoi il n'y avait pas de président noir en France. Ce à quoi d'autres ont répondu : "c'est parce que Sarkozy est raciste!"
Quand j'ai expliqué que 40 % des Américains avaient déclaré récemment avoir "un sentiment défavorable envers les noirs", une élève a dit "Madame, alors les Noirs c'est 90 % contre les Blancs".
- Donc tu penses que les noirs sont plus racistes que les blancs?
- Ben non. C'est pas vrai.
- Réfléchis alors : si 90 % n'aiment pas les blancs, c'est qu'ils sont plus racistes.
- Ah, eh bien non alors. Mais Madame, tu sais, c'est vrai, nous on aime pas les blancs. Toi, t'es notre professeur, c'est pas pareil, on te respecte même si tu es blanche, mais sinon on les aime pas.
- C'est vrai ça, Madame! Mais c'est pareil que les blancs contre les noirs.
....
Et avec ma classe d'élèves à la rue (4e), c'était encore mieux!
- Madame, tu sais, c'est la revanche des noirs contre les blancs! (dit un élève avec une rage inquiétante dans la voix) Faut faire attention à toi!
(...merci du conseil...)
- Mais madame, les Américains sont trop racistes il paraît. On a vu à la télé une dame qui dit qu'elle ne voulait pas voter pour Obama car il est noir.
- Oui, moi, quand j'étais aux Etats-Unis, les gens avaient peur de moi dans les magasins, dit Saïd, qui ferait peur à n'importe qui n'importe où, avec son look de gangster (d'ailleurs, mes collègues me disent de ne surtout pas me le mettre à dos... moi, je l'adore!)

J'ai essayé de faire un peu l'histoire de Barack Obama, puis celle des Noirs aux Etats Unis, et de finir sur les conséquences de cette élection - la problématique étant : pourquoi cette élection est-elle historique?
Alors, sur Obama, déjà :
- Madame, c'est quoi son vrai nom?
- Euh, Barack Obama. Barack c'est son prénom,
- Quoi??
- Obama son nom de famille, comme toi ton prénom c'est ... et ton nom.....
- C'est bizarre!
- Non, en fait.
Ensuite :
- Il est né d'un père noir et d'une mère blanche. Donc on dit qu'il est métis.
- Mais non, Madame, je l'ai vu, il est noir!
- Oui, sa peau est de couleur noire, mais comme il a un parent blanc et un parent noir, on dit qu'il est métis, ça s'appelle comme ça.
- Mais non, moi je suis métis, mais mes deux parents sont noirs!
- Donc tu n'es pas vraiment métis.
- Mais si, regarde je suis tout clair!
- Oui, tu es chabin (c'est le mot pour les noirs clairs ici)
- Oui, je suis métis.
- Non...
- Moi, ma mère elle est blanche, presque comme toi!
S'en est donc ensuivi un gros débat sur les différentes nuances de couleur qui les passionnait...

Et puis :
- Son père est né en Afrique.
- Comme tous les noirs madame.
- Quoi?
- Ben, tu nous as dit que les noirs ils viennent d'Afrique!
(pour une fois, ils ont retenu qqch??? mais mal...)

Aussi :
- L'esclavage n'a été supprimé qu'en 1865, il y a 150 ans environ.
- Il y a longtemps!!
- Non, c'est assez récent en fait. Ca veut dire que nos arrière arrière arrière grands parents l'ont connu.
- Ben oui, c'est trop vieux!!
- Et en France, savez vous de quand date cette suppression?
- euh, 1980?
- 1947?
...

- Mais après la suppression de l'esclavage, les noirs n'avaient pas encore les mêmes droits que les blancs.
On raconte un peu, ils connaissent deux ou trois choses. Ils connaissent surtout le nom de Martin Luther King (qui selon une élève était président).
- Et l'égalité des droits date de 1964, c'est-à-dire il y a environ 40 ans.
- C'est vieux!
- Non, ça veut dire que Barack Obama est né avant l'égalité entre noirs et blancs.
- Mais il est vieux.
- Non il a 47 ans.
- Toi, Madame, tu étais née?
- Euh, non, je crois pas...

En tout cas, pour une fois, Saint Martin a l'air un peu concerné par l'actualité internationale. On voit beaucoup de personnes avec des T shirt à l'effigie d'Obama, des affiches dans les magasins... Et les élèves s'amusent désormais à crier "Obama, Obama!" dans la cour. Ils ne réalisent pas que cette élection ne va rien changer du tout pour eux pour l'instant.

Le Grand Cul de sac marin

Nous avons eu la chance de faire une virée sur le bateau de 2 amis pour vadrouiller dans la réserve naturelle du Grand cul de sac marin. Celle-ci se situe dans la baie entre Basse-Terre et Grande-Terre. On y trouve de multiples îlets, voire des buissons flottants : c'est le domaine de la mangrove, c'est-à-dire que la végétation prend ses racines sous l'eau. De loin, on a l'impression que tout cela flotte entre les airs et la mer, ce sont de beaux mirages!



En fait, le mirage que l'on voit à l'arrière-plan n'est autre que la côte de la Grande Terre (composée de mangrove). Cela semble bien loin...





On peut apercevoir l'île de Montserrat à l'arrière-plan : c'est un volcan situé au Nord de la Guadeloupe (je passe presque au-dessus quand je prends l'avion pour Saint-Martin).




Une vue sur la Basse-Terre depuis notre bateau. Comme presque tous les jours, les nuages sont bloqués par les montagnes et nous offrent de beaux paysages.





Petite halte sur un îlet. On a essayé de plonger pour observer les poissons, mais l'eau était trouble ce jour-là : on ne voyait rien! Assez flippant en fait (pour moi!)...

Enfin internet at home!



Ca y'est, on a enfin internet à la maison en Guadeloupe... Je vais donc bientôt pouvoir me remettre sérieusement à l'écriture de ce blog : récit et photos du voyage en Dominique, réactions des élèves sur l'élection d'Obama, photos des week ends. A suivre...

vendredi 3 octobre 2008

Madame, j'ai fait le travail!

Oui, des fois ils travaillent. Mais des fois, ils croient seulement qu'ils travaillent. Surtout mes 4e faibles.
Hier, je distribue un exercice sur une petite fiche.
- Vous collez la fiche, et vous faites l'exercice avec le document du livre. (Cette consigne étant répétée 3 fois à voix bien bien haute)
Je m'assieds tranquillement à bureau pour vérifier les carnets de correspondance.
Quelques minutes passent dans un calme assez rare pour cette classe. Tout d'un coup, Olivier surgit à mon bureau, ce qui est déjà anormal : ils n'ont pas le droit de se lever, c'est moi qui passe dans les rangs pour les aider.
- Madame, regarde, j'ai fait mon travail!
Il me montre son cahier, la feuille collée, vierge de toute écriture...
- Ah bon? Tu ne l'as pas fait.
- Mais, si Madame, regarde, je l'ai collé comme tu as dit!
- Euh... (que dire!) oui, tu l'as collé. Mais regarde ce qu'il y a dessus : c'est ça le travail.
- Ah, d'accord Madame, dit-il, l'air dépité...

Des fois, ils me feraient presque penser à des maternelles (le presque est-il de trop?).

jeudi 2 octobre 2008

Histoires de langues

Ici, c'est un melting pot linguistique.
La plupart des Saint-Martinois parlent anglais : c'est leur langue maternelle. Dans la rue, il faut demander en anglais son chemin. Dans la cour d'école, dans les salles de classe, les élèves se parlent en anglais à coup de "fuck", "shut your mouth", "bitch", "kiss my ass"... voire, parfois, de mots normaux!
Mais comme seulement 40 % des habitants sont nés à St Martin, vous imaginez qu'il y a pas mal d'autres langues... Les Haïtiens (environ 25%) parlent le créole haïtien. Le fait de parler ce créole n'est pas toujours bien vu.
Ceux qui viennent de République dominicaine parlent espagnols. Si bien que mes élèves dominicains croient être des "espagnols", hum hum, ceux qui sont venus avec Christophe Colomb, hum! Le jour de la rentrée, une maman d'élève est venue très naturellement me poser des questions en espagnol, m'expliquant que je pouvais répondre en français (c'est mieux, je n'ai jamais appris l'espagnol!) car elle arrive à comprendre.
Il y aussi beaucoup de Guadeloupéens, qui parlent donc le créole guadeloupéen
Et puis tous ceux qui viennent des îles alentour parlent anglais : Anguilla, Ste-Lucie, St-Kitts, etc.
On comprend que les élèves soient un peu perdus en cours...

Non Madame, on vient pas de l'Afrique!

Hier, j'ai eu le bonheur de faire un cours sur l'esclavage à ma classe très faible de 4e :
On a d'abord lu un texte sur le trajet des Noirs en bateau vers les Antilles. Et puis forcément, j'ai dû expliquer aux élèves que ces Noirs d'Afrique, transportés par les Européens pour la traite, sont les ancêtres des Noirs antillais d'aujourd'hui. Normal.
- "Madame, je suis pas africain! Tu dis n'importe quoi!
- Je sais que vous n'êtes pas africains. Mais, les Noirs des Antilles sont d'ORIGINE africaine"
- Non, Madame, je suis pas né en Afrique!
- Non, tu n'es pas né en Afrique je sais. Mais avant, il n'y avait pas de noirs à Saint Martin.
- Si, les Indiens!
- Oui, les Indiens étaient là (on l'a vu au cours précédent, ça les a fait beaucoup rigoler...) mais ils n'étaient pas noirs. Les Noirs ont été apportés d'Afrique par les Blancs.
- Quoi, c'est les Blancs qui ont fait ça?? Pouahh! (énervement physique)
- Oui, ce sont des Blancs qui ont fait ça.
- C'est les Noirs qui étaient esclaves des Blancs?
- Oui.
- Pouaaahhh!
- (je dois absolument désamorcer rapidement cet énervement : ) Mais avant, il y a encore plus longtemps, les Noirs ont aussi eu des esclaves blancs.
- C'est vrai Madame?
- Oui, c'était avant.
- Ah, d'accord. (fin de la crise de rage anti-blancs)
- Et le commerce des Noirs, c'est encore?
- Non, c'est fini maintenant.
- D'accord.
- Alors, est-ce que vous avez compris pourquoi je dis que les Noirs sont arrivés de l'Afrique?
- Non, c'est pas vrai Madame, on n'est pas des Africains!
- ....
J'ai fait un petit schéma au tableau pour montrer le trajet entre les 2 continents. Et après, je crois qu'ils ont compris. Je crois. Mais je ne crois pas qu'ils s'en souviennent longtemps.
C'est le genre de choses qu'ils ne veulent pas entendre. Pour beaucoup ici, être africain, c'est péjoratif. C'est comme être haïtien. C'est même utilisé comme insulte parfois. Certains collègues m'ont d'ailleurs dit qu'il fallait mieux que j'évite le sujet. Je ne pense pas que ce soit la meilleure solution...

mercredi 1 octobre 2008

L'avion : des sensations fortes!

Pour ceux qui veulent avoir une idée de l'atterrissage à Saint Martin (partie hollandaise), voici une vidéo qui en donne une idée assez précise!
http://www.youtube.com/watch?v=fvoOCcTFY7c
En ce moment, l'aéroport de la partie française est en grève, donc c'est là que se passent tous mes allers et retours...

Et des fois, je travaille

Petit briefing sur le collège

Ici, les cours commencent à 7h du matin, je me lève donc vers 5h30 ou 5h45. C'est un peu difficile, mais ça se fait bien car il fait déjà jour et toujours beau! C'est plus motivant que de devoir prendre le train pour aller à Provins dans la nuit et le brouillard (opinion personnelle!).
La récréation est à 9h : 15 min pour laisser aux élèves le temps de manger un peu et de boire. Il fait déjà très très chaud.

Puis on reprend pour 3h jusqu'à midi.

En cours, les élèves ont une serviette pour s'essuyer le visage. Ils boivent de l'eau. Mais moins que moi! On n'a ni clim ni ventilateur : seulement l'air qui parfois passe par les fenêtres. Au moins, on coûte moins cher à l'Etat que les collèges de métropole qui sont chauffés l'hiver et parfois surchauffés!

Les élèves sont uniformes : polo bleu clair avec blason du collège et jean obligatoire. Le souci, c'est qu'ils n'ont qu'un polo... Alors le vendredi, ça sent pas très très bon dans la salle de classe!

Bien sûr, comme on n'a pas de stores ni de volets aux fenêtres, donc on oublie tout rêve de rétroprojecteur ou de vidéoprojecteur. D'ailleurs, il paraît qu'il y en a, mais je ne les ai jamais vus...

Pour la photocopieuse, il faut s'organiser de façon draconienne : les profs n'y ont pas accès (des fois qu'on saurait pas appuyer sur le bon bouton!) alors il faut remplir pour chaque demande, une fiche avec nom, matière, nombre de copies demandées... et le principal adjoint doit tamponner la fiche pour montrer qu'il est d'accord et que c'est lui le plus puissant ici... et 48 h après, on a droit à nos photocopies!

Mais alors si jamais on demande seulement 36h à l'avance, c'est qu'on est vraiment téméraire et prêt à se faire crier dessus!

Et parfois, on demande le jeudi pour le mardi, et, oh surprise, le mardi matin on n'a rien!

Mais comme dis le principal adjoint : "vous n'avez qu'à les faire écrire, c'est ça qui est important!"

C'est vrai que faire copier des consignes d'exercice, c'est fort utile pour le brevet...


Bref, les conditions de travail sont plutôt particulières... C'est un peu comme si le système scolaire ici était délaissé par la métropole. Les élèves partent déjà de loin car le français n'est pas la langue de l'île (ils parlent anglais, créole haïtien, espagnol), on leur demande de passer le même brevet qu'ailleurs, mais ils bénéficient d'encore moins de moyens qu'en France. Certains n'ont même pas de livre d'histoire, car il n'y en a pas assez pour tous les élèves... La honte!


Avec tout ça, on fait comme on peut. Le moins qu'on puisse dire, c'est que ça change!

Et le week end, c'est encore mieux...

Et quelques photos de mes week ends en Guadeloupe! Pour l'instant, je peux rentrer tous les week ends : je décolle le vendredi à 14h30 et je repars le lundi à 16h30. J'ai la chance d'avoir un très bon emploi du temps : je ne travaille pas le lundi, ni le vendredi après-midi, ni les après-midis en général!
C'est bien agréable...

La plage de Port-Louis avec vue sur la Basse-Terre.

Petite sieste sur la plage de Malendure, sable noir et réserve Cousteau à deux coups de pagaie.


Promenade dans la mangrove de Port-Louis.



Plages de Malendure et de Deshaies. C'est une petite crique cachée où nous avons passé la nuit avec un groupe de potes. Le matin, on se remet de la soirée en allant prendre un bon bain dans la mer.

Toujours en vie!

J'ai enfin internet chez moi, youpi! Depuis hier, je capte un réseau wifi de je ne sais où : je peux enfin me remettre à ce blog.
Je suis donc maintenant à Saint-Martin depuis le 31 août (pile un mois dites donc!) et toujours en vie, pas mal... Je vous glisse un petit mélange de photos avant d'en dire plus.

vendredi 22 août 2008

Annou alé anba dlo la!

Pour me remettre de mes émotions, rien de tel qu'un après midi sous l'eau!
Nous sommes allés aujourd'hui dans la réserve Cousteau, sur la côte ouest de Basse-Terre, dans la commune de Bouillante. C'est une réserve naturelle maritime, dans la mer des Caraïbes, située autour de l'îlet Pigeon. Il paraît que Cousteau s'était émerveillé des fonds marins de cet îlet, d'où l'afflux des plongeurs... et la présence, en exclusivité, du Nautilus, un bateau à fond de verre, pour voir les poissons et les coraux sans se mouiller! Hum, on a trouvé mieux : location d'1 kayak 3 places (Julien, sa soeur et moi-même) pour la demie journée.
Notre traversée en kayak s'est effectuée sous une pluie tropicale plus qu'intense (au moins, on était déjà sous l'eau avant de plonger...) et avec quelques difficultés de synchronisation des pagaies et de direction. Mais nous avons vaincu ces obstacles et nous sommes arrivés sur la mini plage du fameux îlet. L'eau était transparente et bleue à souhait, la pluie avait cessé, et les poissons bondissaient hors de l'eau pour nous appater.
Munis de nos masques, palmes et tubas, nous sommes partis à la rencontre de ces fonds : c'était magique! Les poissons étaient très nombreux et assez variés, les coraux aussi. On a vu des poissons perroquets, qui sont couleur arc en ciel, des alevins, une serpentine (sorte de serpent dans la mer), des calmars, et plein de poissons dont je ne maîtrise pas du tout encore les noms! Julien a même vu une tortue... Le problème c'est que pour accéder à la tortue, il fallait traverser une zone de fort courant. Et pour moi qui n'ai pas encore une condition physique de compèt', c'était pas évident! En fait, j'avais beau nager à fond, tout donner de mes petits muscles, je n'avançais pas d'un poil... J'ai préféré sauvé ma peau à aller voir plus loin. Ce sera pour la prochaine fois!

Mission au rectorat ce matin...

Puisque je voulais libérer ma haine en gueulant un coup contre ceux qui m'ont envoyée à St Martin, je me suis rendue au rectorat ce matin... et je n'ai pas été déçue par cette nouvelle aventure.
J'ai pu découvrir la femme de l'accueil, une personne extraordinaire par sa connerie (pourtant, j'en connaissais déjà des pas mal).
Nous arrivons, tous deux sur notre 31 (c'est-à-dire que nous avions pour une fois revêtu un pantalon), un peu stressés par l'affaire, et surtout assez impatients d'en finir avec ces missions qui gâchent les vacances. Avant de pouvoir pénétrer dans l'antre du rectorat, il faut avoir l'honneur de se faire ouvrir la porte d'entrée par la femme de l'accueil. Elle seule, en effet, a cette prérogative.
Petit souci : la personne qui fait la queue juste devant nous lui pose une question qui apparemment nécessite un avis extérieur. La dame de l'accueil sort donc de sa guérite, ouvre la porte d'entrée pour en sortir, mais la cale malignement avec un journal (pour pouvoir rentrer de nouveau). Or, un personnage arrive qui sort et claque la porte, bien sûr! La dame de l'accueil se retrouve donc enfermée dehors, et nous avec! Comme c'est pratique... Là, elle rigole, puis appelle les femmes de ménage, qui répondent, mais n'arrivent que trop tard. En effet, 5 minutes après, notre fameuse dame de l'accueil a pris son courage à deux mains, et s'est faufilée par un passage sous le bureau pour retrouver sa place initiale. Futée celle-là!
Tellement futée même, que lorsque nous ressortons du rectorat, dépités par la réponse toujours négative pour ma mutation, cette dame de l'accueil me dit : "Attention, un an séparés, c'est difficile pour un couple! Attention hein! Monsieur, il faudra pas fréquenter d'autres personnes!"
Très fin, merci...

Notre nouvelle maison


Demain donc, nous emménageons dans notre nouvelle maison, pour un an. C'est une villa (3 pièces, jardin, arbres fruitiers, terrasse, hamacs, barbecue, etc!) très charmante, située dans la commune de Sainte-Anne, sur Grande-Terre, mais bien à l'écart du bourg. Le coin est superbe, avec des plages sauvages, des côtes à falaises, de jolis sentiers...
Le seul hic, c'est la route pour aller au collège de Julien et à l'aéroport : c'est la route des Grands Fonds. On va dire que c'est un labyrinthe géant, avec des routes on ne peut plus sinueuses, qui montent et qui descendent au grès du relief, passant même sous le niveau de la mer! C'est un peu sportif, mais c'est magnifique!

jeudi 21 août 2008

Débuts

Voici donc le début d'un an "à cheval" entre Guadeloupe
et Saint Martin et le début du blog... N'oubliez pas de remercier l'Education nationale sans qui ces petits allers-retours hebdomadaires à travers la Caraïbe ne seraient pas possibles!
Nous sommes donc arrivés le jeudi 7 août à Pointe-à-Pitre, ce qui me laissait 3 semaines pour profiter pleinement de la Guadeloupe.
1er logement, jusqu'à demain : un 2 pièces, bas de villa avec jardin, à Baie-Mahault, chez de la famille d'amis d'amis. Idéal pour commencer!
Et, histoire de bien se sentir chez nous, on a évidemment commencé par foutre le bordel dans la chambre...