dimanche 29 mars 2009
Saint-Martin vu de ma terrasse
mercredi 25 mars 2009
Bwabwébwa
Voici à peu près le son qui sort de la bouche de JJJ (ce sont réellement ses initiales :)).
JJJ arrive en cours, on lui demande son carnet.
- Bwabwébwabwé.
- Quoi?
- Awa! (non en créole) Bwabwébwabwébwa.
- Ah! Tu n'as pas ton carnet! Il est où?
- Bwébwabwa.
- Chez toi. Eh bien, tu ne peux pas entrer en cours alors.
- Awa! Bwabwé! Bwabwébwabwébwé.
- Quoi?
- Bwabwébwabwébwé.
- Ah! Tu as un mot du CPE. Tu peux entrer alors, mais tu te tiens tranquille.
- Bwabwé.
Plus tard.
- JJ, tu peux nous donner la date du texte?
- Bwabwébwa.
- Quoi?
- Bwabwébwa.
- Merci.
Encore plus tard. Je m'approche de cet énergumène. Cheveux crépus mais touffus, le peigne qui tient tout seul dedans (signe de grande grande classe ici), le piercing à l'oreille, une tresse à gauche, une seule, d'une dizaine de centimètres, pleine de perles en verre. Grand sourire toujours.
- JJ, je ne comprends pas quelque chose.
- Bwa?
- Quand on lit ce que tu écris, on dirait que tu parles très bien français.
- Bwa!
- Mais, quand tu parles, je ne comprends rien.
(rires)
- Comment c'est possible?
- Sé pa.
- Tu parles en créole, pourquoi pas en français?
- Awa! Sé pa. Bwabwébwa.
- Mais, même ton créole, je le comprends pas en fait.
(rires)
- Sé pa. C'est comme ça je parle.
- Essaie de faire des efforts...?
Beaucoup plus tard, au conseil de classe.
Un collègue :
- Cette classe, il faudrait la filmer. Ils sont trop débiles.
- Ce serait bon!
- Surtout JJJ, t'as vu comment il parle?
- On comprend rien! C'est trop drôle! Pourtant, il écrit bien le français, il fait exprès?
- Je sais pas. Moi, dès qu'il parle, je rigole et après je l'imite. Même que l'autre jour, il est arrivé, je lui ai demandé son carnet pour entrer, et je lui ai dit "bwabwébwabwé". Il s'est vexé! Et il est parti!
Alors, JJJ, un conseil si tu me lis : ARTICULE!
JJJ arrive en cours, on lui demande son carnet.
- Bwabwébwabwé.
- Quoi?
- Awa! (non en créole) Bwabwébwabwébwa.
- Ah! Tu n'as pas ton carnet! Il est où?
- Bwébwabwa.
- Chez toi. Eh bien, tu ne peux pas entrer en cours alors.
- Awa! Bwabwé! Bwabwébwabwébwé.
- Quoi?
- Bwabwébwabwébwé.
- Ah! Tu as un mot du CPE. Tu peux entrer alors, mais tu te tiens tranquille.
- Bwabwé.
Plus tard.
- JJ, tu peux nous donner la date du texte?
- Bwabwébwa.
- Quoi?
- Bwabwébwa.
- Merci.
Encore plus tard. Je m'approche de cet énergumène. Cheveux crépus mais touffus, le peigne qui tient tout seul dedans (signe de grande grande classe ici), le piercing à l'oreille, une tresse à gauche, une seule, d'une dizaine de centimètres, pleine de perles en verre. Grand sourire toujours.
- JJ, je ne comprends pas quelque chose.
- Bwa?
- Quand on lit ce que tu écris, on dirait que tu parles très bien français.
- Bwa!
- Mais, quand tu parles, je ne comprends rien.
(rires)
- Comment c'est possible?
- Sé pa.
- Tu parles en créole, pourquoi pas en français?
- Awa! Sé pa. Bwabwébwa.
- Mais, même ton créole, je le comprends pas en fait.
(rires)
- Sé pa. C'est comme ça je parle.
- Essaie de faire des efforts...?
Beaucoup plus tard, au conseil de classe.
Un collègue :
- Cette classe, il faudrait la filmer. Ils sont trop débiles.
- Ce serait bon!
- Surtout JJJ, t'as vu comment il parle?
- On comprend rien! C'est trop drôle! Pourtant, il écrit bien le français, il fait exprès?
- Je sais pas. Moi, dès qu'il parle, je rigole et après je l'imite. Même que l'autre jour, il est arrivé, je lui ai demandé son carnet pour entrer, et je lui ai dit "bwabwébwabwé". Il s'est vexé! Et il est parti!
Alors, JJJ, un conseil si tu me lis : ARTICULE!
Conseils de classe, 2e session
Nouvelle session de conseils, nouvelles découvertes.
Mon élève borgne a sa mère séropositive, en phase terminale. Il est souvent absent...
Une des élèves doit rester chez elle pour garder les enfants de sa mère, au nombre de 9 (et un en route).
Des élèves peuvent avoir 3 de moyenne générale à un trimestre et n'avoir aucun avertissement travail.
Une des élèves, un des pires cas, est partie à Lyon : la transition risque d'être délicate.
Un de mes élèves est un des chef du gang de St-James (le gang qui a sévi la semaine dernière avec machettes et couteaux dans les rues de Marigot le soir, contre un autre gang, celui des SGB, Sandy Ground Boys).
Un de mes élèves vit avec ses 8 frères et soeurs dans une maison d'une seule pièce.
Une des élèves est suicidaire, le principal dit qu'on va lui donner deux mètres de corde.
Un élève ne sait pas lire, mais peut demander à aller en 2de générale.
Un élève ne sait pas lire, mais peut avoir 12,5 de moyenne générale.
Encore un grand moment...
Mon élève borgne a sa mère séropositive, en phase terminale. Il est souvent absent...
Une des élèves doit rester chez elle pour garder les enfants de sa mère, au nombre de 9 (et un en route).
Des élèves peuvent avoir 3 de moyenne générale à un trimestre et n'avoir aucun avertissement travail.
Une des élèves, un des pires cas, est partie à Lyon : la transition risque d'être délicate.
Un de mes élèves est un des chef du gang de St-James (le gang qui a sévi la semaine dernière avec machettes et couteaux dans les rues de Marigot le soir, contre un autre gang, celui des SGB, Sandy Ground Boys).
Un de mes élèves vit avec ses 8 frères et soeurs dans une maison d'une seule pièce.
Une des élèves est suicidaire, le principal dit qu'on va lui donner deux mètres de corde.
Un élève ne sait pas lire, mais peut demander à aller en 2de générale.
Un élève ne sait pas lire, mais peut avoir 12,5 de moyenne générale.
Encore un grand moment...
Coup de poignard, la suite
Rectificatif : M. ne s'est pris qu'un seul coup de couteau... Trop nulle en fait cette histoire!
En tout cas, cet incident a semé la zizanie au collège : S., son amoureuse, dans la même classe de fous, est tombée dans les pommes quand elle a appris l'accident et l'a cru mort. Problème : elle n'était pas la seule à s'évanouir! Eh oui, M. est un peu le beau gosse du collège et S. s'est découvert de nombreuses rivales... Le lendemain, en classe, elle était en pleurs.
- S., qu'est-ce qui t'arrive?
- C'est E. (sa copine, qui aujourd'hui se trouve à l'autre bout de la classe)
- Qu'est-ce qu'elle t'a fait?
- Tu lui dis pas?
- Non, non.
- Elle est allée voir la grand-mère de M. (coup de poignard) et lui a dit qu'elle est enceinte de lui!
- Ah. (eh dis, c'est vrai, c'est vrai??)
- Madame, c'est même pas la première fois, en plus.
- Comment ça? (elle est souvent enceinte de lui, qu'est-ce que ça veut dire???)
- C'est la 4e fois qu'elle va raconter ça à la grand-mère!
Bon, au moins, elle est pas très crédible, faut pas se faire de souci!
En tout cas, cet incident a semé la zizanie au collège : S., son amoureuse, dans la même classe de fous, est tombée dans les pommes quand elle a appris l'accident et l'a cru mort. Problème : elle n'était pas la seule à s'évanouir! Eh oui, M. est un peu le beau gosse du collège et S. s'est découvert de nombreuses rivales... Le lendemain, en classe, elle était en pleurs.
- S., qu'est-ce qui t'arrive?
- C'est E. (sa copine, qui aujourd'hui se trouve à l'autre bout de la classe)
- Qu'est-ce qu'elle t'a fait?
- Tu lui dis pas?
- Non, non.
- Elle est allée voir la grand-mère de M. (coup de poignard) et lui a dit qu'elle est enceinte de lui!
- Ah. (eh dis, c'est vrai, c'est vrai??)
- Madame, c'est même pas la première fois, en plus.
- Comment ça? (elle est souvent enceinte de lui, qu'est-ce que ça veut dire???)
- C'est la 4e fois qu'elle va raconter ça à la grand-mère!
Bon, au moins, elle est pas très crédible, faut pas se faire de souci!
Mon chat est devenu un homme!
Eh oui, Rudy a enfin franchi le cap de l'âge adulte ce week end. Il a répondu à tous nos espoirs, il est devenu un rude boy chasseur! Certes, nous commencions à douter de son âme de mâle, car il passe son temps dans nos pattes ou sur le canap'... Mais, vendredi soir, il nous apporté son premier rat! Que d'émotions... Surtout qu'après il a joué avec, c'était beau. Et à la fin, eh bien, il a réussi, je ne sais comment, à enlever la tête du rat et à sortir tous ses boyaux devant nous. Non, Rudy, on t'assure, il fallait pas!
PS : les photos seront bientôt disponibles, ne vous inquiétez pas (elles sont restées en Gwada pour l'instant).
PS : les photos seront bientôt disponibles, ne vous inquiétez pas (elles sont restées en Gwada pour l'instant).
mercredi 18 mars 2009
Mi-Carême
Demain, pas de travail! C'est pas la grève, non non. C'est mi-Carême, jour férié. On fête la moitié du chemin parcouru entre Carnaval et Pâques, avec des petits défilés type carnaval.
Un jour de repos bien mérité... Il reste encore 2 semaines avant les vacances, et ça fait déjà 2 semaines qu'on a repris!
Venez vivre dans les Antilles ;)
Un jour de repos bien mérité... Il reste encore 2 semaines avant les vacances, et ça fait déjà 2 semaines qu'on a repris!
Venez vivre dans les Antilles ;)
Séisme au collège
Ce matin, nous avons eu droit - enfin - à un exercice de séisme au collège.
Comme c'est le premier, on devait prévenir les élèves qu'il aurait lieu à 8h30 et on devait leur rappeler la conduite à tenir.
Le problème, c'est que je suis bien moins experte qu'eux dans ce genre de répétitions...
J'étais heureusement avec ma meilleure classe, celle qui m'obéit au doigt et l'oeil.
- On vous a prévenu qu'il y aurait une exercice séisme à 8h30?
- Oui, Madame!
- Alors, je vous rappelle les règles. Comme on est au 2e étage (et que donc on est sûr de mourir en cas de réel séisme... ah non, faut pas le dire, c'est vrai), dès que le bruitage retentit, vous devez vous mettre sous les tables et les tenir. Ca va durer une minute, le moment des plus fortes secousses, et après un 2e bruitage va retentir : on sort tous, on prend l'escalier à gauche (l'inverse de d'habitude), on descend, on reste groupé et on rejoint notre zone de regroupement, la ZR 7, devant le bâtiment SEGPA (qui menace déjà de s'écrouler à cause du dernier séisme).
Par contre, je vous conseille de prendre avec vous les téléphones portables, car il peut y avoir des vols pendant l'exercice... Des questions?
Aucune question, pour eux, mais moi, j'en avais plein qui me trottaient dans la tête...
- Mais, de toute façon, vous l'avez déjà fait les autres années?
- Oui, Madame, on sait faire déjà.
- Ok. Bon, on reprend donc la leçon en attendant. On a 20 minutes. Vous prenez la p. 169 et vous faites l'exercice que je vous ai distribué hier.
Ils travaillent, tranquilles. Je regarde l'heure toutes les 2 minutes. Je place bien le cahier d'appel sur mon sac à main, car je dois absolument penser à le prendre en quittant la salle. Je vérifie l'heure. Je relis la fiche de consignes. J'ai trop peur de rater le signal comme ma salle est loin du centre du collège.
Un bruit retentit, faible.
Moi : - C'est ça?
- Non, Madame! T'inquiète pas, tu vas l'entendre!
- Ok, ok, reprenez.
Je regarde l'heure.
J'entends plein de bruits de chaises dans les autres salles. Je regarde dans la cour, rien.
- Vous êtes sûrs qu'on l'a pas râté?
- Mais oui, Madame. C'est pas encore.
- Parce que là ya des bruits de chaises dans les autres salles...?
- Mais, c'est pas ça encore.
- Ok, ok, reprenez.
J'écris un titre au tableau, quand soudain, je sursaute : il y a l'intendant juste dans mon dos.
Les élèves rigolent.
- Vous êtes au courant qu'il va y avoir un exercice séisme?
- Euh, oui (je ne pense qu'à ça).
- Au revoir.
On continue l'exercice. Je regarde l'heure.
Je vois le principal qui erre devant ma salle. J'aime pas ça, heureusement que c'est une classe silencieuse.
Et puis là, énorme bruit de corne de brume, multiplié par 5. Horrible. Le principal a sorti son appareil photo et nous mitraille. Mais euh! En 2 secondes, les élèves sont sous les tables. Impressionnant. Ils rient parce qu'ils se sont cognés, il y a des barres sous les tables... La bruit cesse, on doit attendre. Ce sont les plus fortes secousses.
J'ai rejoint l'embrasure de la porte avec mon cahier d'appel (yes, j'y ai pensé). C'est là que doit être le prof, pour empêcher les élèves qui voudraient sortir en cas de panique.
Le 2e bruitage retentit, toujours horrible. Les élèves sortent de dessous leurs tables, et on sort. Bien sûr, par réflexe, je me dirige vers le mauvais escalier. Heureusement, les élèves sont moins stupides que moi et on change de direction.
On rejoint notre zone de regroupement. L'endroit idéal pour se faire massacrer, au cas où on aurait réussi par miracle à survivre à notre étage : on doit rester sous un gros arbre, et au bord du bâtiment Segpa qui risque déjà de s'écrouler, sous les fenêtres, qui déjà tombent parfois toutes seules, et sous des structures métalliques qui sortent du mur. Je le répète, l'endroit idéal, vraiment.
Et là, les surveillants et le principal adjoint soufflent tous dans les cornes de brume. Horrible.
On remonte. Et on fait le bilan de l'exercice.
Ben le seul problème, c'est la prof, qui n'est pas encore au point. En tous cas, la prochaine fois, je ne me demanderai pas si je rate le bruitage du début de l'exercice...
Comme c'est le premier, on devait prévenir les élèves qu'il aurait lieu à 8h30 et on devait leur rappeler la conduite à tenir.
Le problème, c'est que je suis bien moins experte qu'eux dans ce genre de répétitions...
J'étais heureusement avec ma meilleure classe, celle qui m'obéit au doigt et l'oeil.
- On vous a prévenu qu'il y aurait une exercice séisme à 8h30?
- Oui, Madame!
- Alors, je vous rappelle les règles. Comme on est au 2e étage (et que donc on est sûr de mourir en cas de réel séisme... ah non, faut pas le dire, c'est vrai), dès que le bruitage retentit, vous devez vous mettre sous les tables et les tenir. Ca va durer une minute, le moment des plus fortes secousses, et après un 2e bruitage va retentir : on sort tous, on prend l'escalier à gauche (l'inverse de d'habitude), on descend, on reste groupé et on rejoint notre zone de regroupement, la ZR 7, devant le bâtiment SEGPA (qui menace déjà de s'écrouler à cause du dernier séisme).
Par contre, je vous conseille de prendre avec vous les téléphones portables, car il peut y avoir des vols pendant l'exercice... Des questions?
Aucune question, pour eux, mais moi, j'en avais plein qui me trottaient dans la tête...
- Mais, de toute façon, vous l'avez déjà fait les autres années?
- Oui, Madame, on sait faire déjà.
- Ok. Bon, on reprend donc la leçon en attendant. On a 20 minutes. Vous prenez la p. 169 et vous faites l'exercice que je vous ai distribué hier.
Ils travaillent, tranquilles. Je regarde l'heure toutes les 2 minutes. Je place bien le cahier d'appel sur mon sac à main, car je dois absolument penser à le prendre en quittant la salle. Je vérifie l'heure. Je relis la fiche de consignes. J'ai trop peur de rater le signal comme ma salle est loin du centre du collège.
Un bruit retentit, faible.
Moi : - C'est ça?
- Non, Madame! T'inquiète pas, tu vas l'entendre!
- Ok, ok, reprenez.
Je regarde l'heure.
J'entends plein de bruits de chaises dans les autres salles. Je regarde dans la cour, rien.
- Vous êtes sûrs qu'on l'a pas râté?
- Mais oui, Madame. C'est pas encore.
- Parce que là ya des bruits de chaises dans les autres salles...?
- Mais, c'est pas ça encore.
- Ok, ok, reprenez.
J'écris un titre au tableau, quand soudain, je sursaute : il y a l'intendant juste dans mon dos.
Les élèves rigolent.
- Vous êtes au courant qu'il va y avoir un exercice séisme?
- Euh, oui (je ne pense qu'à ça).
- Au revoir.
On continue l'exercice. Je regarde l'heure.
Je vois le principal qui erre devant ma salle. J'aime pas ça, heureusement que c'est une classe silencieuse.
Et puis là, énorme bruit de corne de brume, multiplié par 5. Horrible. Le principal a sorti son appareil photo et nous mitraille. Mais euh! En 2 secondes, les élèves sont sous les tables. Impressionnant. Ils rient parce qu'ils se sont cognés, il y a des barres sous les tables... La bruit cesse, on doit attendre. Ce sont les plus fortes secousses.
J'ai rejoint l'embrasure de la porte avec mon cahier d'appel (yes, j'y ai pensé). C'est là que doit être le prof, pour empêcher les élèves qui voudraient sortir en cas de panique.
Le 2e bruitage retentit, toujours horrible. Les élèves sortent de dessous leurs tables, et on sort. Bien sûr, par réflexe, je me dirige vers le mauvais escalier. Heureusement, les élèves sont moins stupides que moi et on change de direction.
On rejoint notre zone de regroupement. L'endroit idéal pour se faire massacrer, au cas où on aurait réussi par miracle à survivre à notre étage : on doit rester sous un gros arbre, et au bord du bâtiment Segpa qui risque déjà de s'écrouler, sous les fenêtres, qui déjà tombent parfois toutes seules, et sous des structures métalliques qui sortent du mur. Je le répète, l'endroit idéal, vraiment.
Et là, les surveillants et le principal adjoint soufflent tous dans les cornes de brume. Horrible.
On remonte. Et on fait le bilan de l'exercice.
Ben le seul problème, c'est la prof, qui n'est pas encore au point. En tous cas, la prochaine fois, je ne me demanderai pas si je rate le bruitage du début de l'exercice...
Elève de maternelle?
Contrôle.
- Appelez-moi si vous avez besoin d'aide, mais essayez de faire au maximum tout seul, pour me montrer vos progrès. (on peut toujours rêver...)
- M'sieur, Madame! Viens!
- Oui?
- Tu peux lire ça pour moi?
- "Qui est arrêté par la police?"
- C'est lui?
- Non, ça c'est pas une personne "arbitraire". Je te laisse chercher mieux.
- M'sieur, Madame, viens!
- Oui?
- C'est ça?
- Oui.
- Je recopie jusqu'où?
- Jusqu'au point (il ne comprend pas du tout ce qu'il lit, il repère juste le mot qui correspond à la question, mais il le fait de mieux en mieux!)
- M'sieur, Madame! Viens, viens!
- Attends, j'arrive.
- M'sieur, Madame, viens, viens, je vais oublier ma question!
- Oui?
- C'est bon là, ya pas de faute?
- C'est bon. (si on ne regarde pas les fautes)
- M'sieur, Madame!
- L., pourquoi tu peux pas t'empêcher de dire M'sieur? Tu crois que je suis un homme?
- Non, mais j'arrive pas... C'est réflexe.
- Essaye!
- C'est parce qu'il est couillon, Madame!
(Ah, ok...)
- Appelez-moi si vous avez besoin d'aide, mais essayez de faire au maximum tout seul, pour me montrer vos progrès. (on peut toujours rêver...)
- M'sieur, Madame! Viens!
- Oui?
- Tu peux lire ça pour moi?
- "Qui est arrêté par la police?"
- C'est lui?
- Non, ça c'est pas une personne "arbitraire". Je te laisse chercher mieux.
- M'sieur, Madame, viens!
- Oui?
- C'est ça?
- Oui.
- Je recopie jusqu'où?
- Jusqu'au point (il ne comprend pas du tout ce qu'il lit, il repère juste le mot qui correspond à la question, mais il le fait de mieux en mieux!)
- M'sieur, Madame! Viens, viens!
- Attends, j'arrive.
- M'sieur, Madame, viens, viens, je vais oublier ma question!
- Oui?
- C'est bon là, ya pas de faute?
- C'est bon. (si on ne regarde pas les fautes)
- M'sieur, Madame!
- L., pourquoi tu peux pas t'empêcher de dire M'sieur? Tu crois que je suis un homme?
- Non, mais j'arrive pas... C'est réflexe.
- Essaye!
- C'est parce qu'il est couillon, Madame!
(Ah, ok...)
lundi 16 mars 2009
Contrôles sur la 2de Guerre mondiale...
Une copie :
- Date de début de la 2de GM : 1870
- Date de la défaite de la France : 1885
- Qu'est-ce que la "solution finale" ? : quand les allemandes on fai la pai avec les françaises pour arrester la guerre.
- Comment s'appelle la ligne qui partage la France en deux? : C'est les juives qui von avoir le nord et le sud apartin dra toujou aux françaises.
Pourquoi ne pas rendre copie blanche plutôt??
- Date de début de la 2de GM : 1870
- Date de la défaite de la France : 1885
- Qu'est-ce que la "solution finale" ? : quand les allemandes on fai la pai avec les françaises pour arrester la guerre.
- Comment s'appelle la ligne qui partage la France en deux? : C'est les juives qui von avoir le nord et le sud apartin dra toujou aux françaises.
Pourquoi ne pas rendre copie blanche plutôt??
Haïti
Education civique. Les libertés indivuelles.
- Madame, un Etat où ya pas de loi, c'est comme Haïti.
- Euh pas vraiment. A Haïti, il y a des lois, mais elles ne sont pas respectées.
- T'es déjà allée, Madame?
- Non. Et toi?
- Oui, j'ai grandi là-bas.
- Ah bon, tu es né là-bas?
- Non. Ici.
- Mais tu as vécu là-bas?
- Oui, je suis né ici, mais après je suis allé là-bas.
- Jusqu'à quel âge?
- 2002. Madame, là-bas, c'est trop bien. Si t'as 1 dollar, tu peux acheter 10 jus!! C'est comme si t'avais 10 dollars! Là-bas, t'es riche! Mais si t'es riche, alors on va te voler. Ou alors la rançon. Alors faut pas rester trop longtemps. Mais là-bas, si t'es pas riche, c'est pas bien. Les pauvres, Madame, ils sont trop pauvres là-bas.
- ... Qui est déjà allé à Haïti?
(La moitié de la classe lève la main)
- Et vous y allez souvent?
- Ben, ça dépend Madame. Tous les ans. Pour voir la famille.
- Madame, là-bas, c'est voodoo (vaudou)! Attention hein!
- Mais, Madame, pourquoi t'es jamais allée?
- (euh...) Pas encore...
- Mais c'est vrai. Toi, ta couleur, c'est dangereux, Madame.
Au collège, plus de la moitié des élèves sont nés à Haïti, ou leurs parents y sont nés. Cette immigration, légale et clandestine, est relativement récente. Elle date des années 1980, années de la défiscalisation, quand l'immobilier a explosé et que les chantiers de construction réclamaient de la main-d'oeuvre abondante, docile et peu chère.
Depuis, le mouvement continue, mais de façon plus clandestine. Les Haïtiens sont extrêmement mal vus, notamment par les Saint-Martinois (qui ne représentent plus que 10-15 % de la population de l'île).
On me dit que les premiers enfants haïtiens étaient extrêmement bien élevés, parce que les parents voulaient à tout prix s'intégrer.
Qu'aujourd'hui, ils se sont tellement adaptés, qu'ils sont devenus comme les enfants saint-martinois, c'est-à-dire pas vraiment des élèves modèles!
Certains sont en extrême échec scolaire (même s'ils n'en sont pas forcément conscients), mais d'autres s'en sortent très bien : dans ma classe d'excellents 3e, plusieurs élèves (mais filles uniquement) sont nés à Haïti.
Un gros problème : l'administration du collège n'aime pas du tout les Haïtiens... C'est un peu du racisme institué, visible notamment lors des conseils de classe. Les élèves qui ont un patronyme anglais (c'est-à-dire les Saint-Martinois pure souche) sont défendus becs et ongles malgré toutes les conneries qu'ils peuvent faire, tandis que les élèves qui ont un patronyme français (c'est-à-dire haïtien) se font détruire en toute liberté. C'est beau l'égalité, non?
- Madame, un Etat où ya pas de loi, c'est comme Haïti.
- Euh pas vraiment. A Haïti, il y a des lois, mais elles ne sont pas respectées.
- T'es déjà allée, Madame?
- Non. Et toi?
- Oui, j'ai grandi là-bas.
- Ah bon, tu es né là-bas?
- Non. Ici.
- Mais tu as vécu là-bas?
- Oui, je suis né ici, mais après je suis allé là-bas.
- Jusqu'à quel âge?
- 2002. Madame, là-bas, c'est trop bien. Si t'as 1 dollar, tu peux acheter 10 jus!! C'est comme si t'avais 10 dollars! Là-bas, t'es riche! Mais si t'es riche, alors on va te voler. Ou alors la rançon. Alors faut pas rester trop longtemps. Mais là-bas, si t'es pas riche, c'est pas bien. Les pauvres, Madame, ils sont trop pauvres là-bas.
- ... Qui est déjà allé à Haïti?
(La moitié de la classe lève la main)
- Et vous y allez souvent?
- Ben, ça dépend Madame. Tous les ans. Pour voir la famille.
- Madame, là-bas, c'est voodoo (vaudou)! Attention hein!
- Mais, Madame, pourquoi t'es jamais allée?
- (euh...) Pas encore...
- Mais c'est vrai. Toi, ta couleur, c'est dangereux, Madame.
Au collège, plus de la moitié des élèves sont nés à Haïti, ou leurs parents y sont nés. Cette immigration, légale et clandestine, est relativement récente. Elle date des années 1980, années de la défiscalisation, quand l'immobilier a explosé et que les chantiers de construction réclamaient de la main-d'oeuvre abondante, docile et peu chère.
Depuis, le mouvement continue, mais de façon plus clandestine. Les Haïtiens sont extrêmement mal vus, notamment par les Saint-Martinois (qui ne représentent plus que 10-15 % de la population de l'île).
On me dit que les premiers enfants haïtiens étaient extrêmement bien élevés, parce que les parents voulaient à tout prix s'intégrer.
Qu'aujourd'hui, ils se sont tellement adaptés, qu'ils sont devenus comme les enfants saint-martinois, c'est-à-dire pas vraiment des élèves modèles!
Certains sont en extrême échec scolaire (même s'ils n'en sont pas forcément conscients), mais d'autres s'en sortent très bien : dans ma classe d'excellents 3e, plusieurs élèves (mais filles uniquement) sont nés à Haïti.
Un gros problème : l'administration du collège n'aime pas du tout les Haïtiens... C'est un peu du racisme institué, visible notamment lors des conseils de classe. Les élèves qui ont un patronyme anglais (c'est-à-dire les Saint-Martinois pure souche) sont défendus becs et ongles malgré toutes les conneries qu'ils peuvent faire, tandis que les élèves qui ont un patronyme français (c'est-à-dire haïtien) se font détruire en toute liberté. C'est beau l'égalité, non?
Coups de poignard
Mercredi dernier, 11h, la dernière heure, avec la pire classe.
- Bonjour, rangez-vous. Sortez les carnets.
-Madame, M. viendra pas.
(ben comme d'hab, quoi, merci pour le scoop)
- Ah bon, pourquoi?
- Il s'est pris des coups de couteau.
- Quoi???? C'est quoi cette histoire?
- Ben il est hôpital.
- Mais qu'est-ce qui lui est arrivé?
- C'est hier soir.
- Quoi?
- Il s'est pris trois coups de couteau. Un dans le poumon, un dans l'estomac et un dans le coeur, madame.
- Dans le coeur? Qui t'a raconté tout ça?
- Tout le monde le sait. Y'en même qui l'ont vu.
- Il est dans quel état?
- Il est dans le coma.
- Madame, je l'ai vu, je l'ai vu!
- Montel?
- Non, le couteau. Long comme ça! Ah ce soir, on va aller le tuer le gars, on va le venger! (en mimant un coup de couteau dans le coeur)
- On rigole pas avec ça.
- Madame, on sait c'est qui.
- Ah bon?
- Oui, c'est A.
- C'est qui?
- C'est l'ennemi de M.
- Il est au collège?
- Non, il a été exclu. Il était en 3e1 (la pire des pires).
- Ah.
- C'est l'ennemi de M. depuis toujours. Depuis la 6e, quand M. lui a arraché les deux dents de devant en lui donnant un coup de poing.
- Ah...
- On va le tuer Madame!
- Bon, rentrez!
Depuis, M. est sorti du coma. Il devait quitter l'hôpital vendredi ou samedi. Son coeur n'a pas été touché. Mais il a bien pris trois coups de couteau.
M. est jamaïcain. Il n'a pas de père. Sa mère vit en Jamaïque. Il est ici chez des "taties".
- Bonjour, rangez-vous. Sortez les carnets.
-Madame, M. viendra pas.
(ben comme d'hab, quoi, merci pour le scoop)
- Ah bon, pourquoi?
- Il s'est pris des coups de couteau.
- Quoi???? C'est quoi cette histoire?
- Ben il est hôpital.
- Mais qu'est-ce qui lui est arrivé?
- C'est hier soir.
- Quoi?
- Il s'est pris trois coups de couteau. Un dans le poumon, un dans l'estomac et un dans le coeur, madame.
- Dans le coeur? Qui t'a raconté tout ça?
- Tout le monde le sait. Y'en même qui l'ont vu.
- Il est dans quel état?
- Il est dans le coma.
- Madame, je l'ai vu, je l'ai vu!
- Montel?
- Non, le couteau. Long comme ça! Ah ce soir, on va aller le tuer le gars, on va le venger! (en mimant un coup de couteau dans le coeur)
- On rigole pas avec ça.
- Madame, on sait c'est qui.
- Ah bon?
- Oui, c'est A.
- C'est qui?
- C'est l'ennemi de M.
- Il est au collège?
- Non, il a été exclu. Il était en 3e1 (la pire des pires).
- Ah.
- C'est l'ennemi de M. depuis toujours. Depuis la 6e, quand M. lui a arraché les deux dents de devant en lui donnant un coup de poing.
- Ah...
- On va le tuer Madame!
- Bon, rentrez!
Depuis, M. est sorti du coma. Il devait quitter l'hôpital vendredi ou samedi. Son coeur n'a pas été touché. Mais il a bien pris trois coups de couteau.
M. est jamaïcain. Il n'a pas de père. Sa mère vit en Jamaïque. Il est ici chez des "taties".
Inscription à :
Articles (Atom)