jeudi 18 décembre 2008

Ma suite de luxe

Le blocage étant terminé, j'ai dû retourné à St-Martin vendredi dernier, pour 4 heures de cours, et même pas 24 heures sur place. Je suis une vraie business-woman.
Et j'ai pu découvrir mon nouvel appart (toujours pas celui que j'attends, mais bon) : une suite de luxe, qui nous est payée par l'agence immobilière... pour la modique somme de 1200 euros la semaine! C'est aussi ça St-Martin.
Très bientôt, je mets les photos de cette suite, notamment la vue qui est franchement sublime.
Seul souci, on doit encore déménager le 3 janvier, pour un nouvel appart de transition, on ne sait pas où. Je crois que je vais battre un nouveau record du monde, et devenir riche si je ne paye pas de loyer jusqu'en juin : on a appris hier que pour installer l'électricité dans l'appartement, il faut qu'EDF passe un câble sous la route (la nationale, l'unique de l'île!) et donc il faut percer la route, rien que ça. A moi les suites de luxe gratuites!

mercredi 10 décembre 2008

Débuts de la pénurie

De nouveaux barrages se sont mis en place dans la matinée. On ne peut même plus aller à Ste-Anne, la ville à côté de chez nous, car un camion est en travers de la route.
A la station essence, il n'y a plus de carburant. Au distributeur, plus de billets. Au supermarché, plus de nourriture. Comme on est bien organisé, il ne nous reste que 10 euros, 5 bouteilles d'eau, des pâtes et du riz.
Heureusement, la plage la plus proche est encore accessible : la survie est donc envisageable! D'ailleurs, on a pu faire un peu de bodyboard et prendre des couleurs, sous le regard dégoûté des touristes qui sont bloqués.
Les négociations ont cependant l'air en bonne voie (d'après la radio) et on espère pouvoir aller enfin travailler demain (ce n'est pas totalement ironique, cela dit... on perd du temps pour la préparation au brevet).

Encore bloquée, yeah!

Contrairement à ce qui était annoncé hier à la radio, le mouvement a durci aujourd'hui. Il y a même un barrage sur la petite route des Grands fonds par laquelle Julien va au collège. Ce matin, il n'a donc pas pu s'y rendre, comme presque tous ses collègues.
Ce qui signifie que l'avion n'est toujours pas pour moi aujourd'hui!

mardi 9 décembre 2008

Vive la grève générale!

Depuis hier, la Guadeloupe est en "grève générale". En fait, les transporteurs (surtout les bus hier - qui sont privés ici, et les camions du BTP en plus aujourd'hui) protestent contre le prix du carburant ici. Le mouvement a déjà eu lieu en Guyane il y a quelques semaines, car le prix de l'essence atteignait 1,7 euros le litre. Les Guyanais, qui ont bloqué toute la région (il n'y avait plus d'essence), ont obtenu une baisse significative.
En Gwada, le litre de gazole est à 1,2 euros, l'essence à 1,4... Contrairement à ce qu'on pense, le pétrole d'ici ne vient pas du Moyen-Orient, mais de tout près de chez nous : le Venezuela! Il n'y a pas non plus ici de TIPP comme en France. En fait, le prix élevé est dû au fait qu'il n'y a qu'une seule raffinerie, située en Martinique, et surtout qu'il y a des taxes très élevées prélevées par la région Guadeloupe. Ces taxes permettent en fait de compenser ce que l'Etat ne donne pas à notre région - taxes difficiles à diminuer donc.
Depuis hier, les transporteurs protestent donc et veulent que les compagnies pétrolières baissent le prix, afin de répercuter la baisse du baril.
Il y a donc de nombreux barrages, principalement sur les grands axes routiers, qui empêchent totalement les gens d'aller travailler. Pour mon plus grand bonheur : je n'ai pas pu aller à l'aéroport hier et suis donc restée en Gwada!
Yves Jégo, secrétaire d'Etat aux DOM TOM, a dit hier qu'il ne pouvait rien faire, que cela ne concernait que les compagnies pétrolières et qu'il fallait cesser les blocages, néfastes au tourisme...
Donc, aujourd'hui, fatalement, le mouvement s'est intensifié. Il est très soutenu par la population, car effectivement, le prix du carburant est excessivement cher, pour une population plus pauvre qu'en métropole, et plus dépendante de la voiture.
La préfecture a même recommandé ce matin de ne pas faire de déplacement, de rester tranquillement chez soi... J'adore cette préfecture! Ce matin, on est quand même parti à 6h15 pour aller bosser, et je pensais prendre l'avion cet aprèm. Mais les cours de Julien ont été annulés, tous les élèves renvoyés chez eux, et la route de l'aéroport toujours bloquée : un jour de plus en Gwada!
Demain, il doit y avoir une réunion avec Yves Jégo, qui a dit aujourd'hui qu'il avait négocié avec les compagnies pétrolières (euh, le contraire de ce qu'il a dit hier...?) Pour la suite, suspense, donc...
On a donc passé cette journée à la plage, héhé! C'est mieux que les grèves à Paris...

samedi 6 décembre 2008

Collègue pédophile

En septembre, un de mes collègues d'histoire-géo, arrivant de Mayotte, avait disparu puis avait été remplacé par une autre professeure. Je pensais qu'on lui avait trouvé un poste en Gwada comme il le souhaitait (j'étais d'ailleurs bien dégoûtée!) Un collègue m'avait dit qu'en fait, il était en congé. Et des élèves me disaient qu'il avait été viré par le principal (ils croient toujours que le principal a tous les pouvoirs...) car il était trop "vicieux". Bref.
Hier, j'apprends avec horreur la véritable raison de son absence : il a été arrêté pour pédophilie... Il était recherché depuis Mayotte, son dossier avait été transféré à Paris puis ici.
Et hier, un professeur du lycée de St-Martin a été arrêté en plein cours, menotté devant les élèves, car il est lui aussi soupçonné de pédophilie...

Quand la porte de l'avion est bloquée...

Spécialement pour David, voici le retour de la prof qui se plaint des retards d'avion. (cela dit, 2 retards de 2h en 4 jours, c'est vraiment dur pour l'Education nationale ;)
Donc, hier, après mon déménagement d'urgence, je vais à l'aéroport m'enregistrer et là : "il y aura un retard de 30 minutes".
Hum, cool, j'adore attendre dans cet aéroport pourri où il n'y a même pas de quoi acheter un journal... Et puis, c'est cool : Julien m'attend depuis qu'il a fini à 11h. Il va être ravi.
En fait, il n'y a pas eu 30 minutes de retard, mais 2h... Eh oui, la porte de l'avion s'était bloquée, et celui-ci n'avait donc pas pu décoller de Pointe-à-Pitre. Il ne risquait pas d'arriver à St-Martin tout de suite!
Voilà comment, à cause de cette mutation pourrie, je me retrouve à passer l'après-midi dans les aéroports et Julien à m'attendre à son collège pendant 7h... Vivement l'année prochaine (inch'allah).

Encore un déménagement!

J'ai appris jeudi à 18h30 que l'agence immobilière m'avait trouvé un nouvel appart (vu que je m'étais plaint du studio) en attendant le vrai futur... Donc j'ai dû déménager hier (vendredi) entre mes cours (12h) et l'avion (13h). Faut dire que j'ai très peu d'affaires à St-Martin : juste quelques fringues et mes bouquins pour bosser, et puis je deviens experte à force.
Le nouvel appart est un T3 et j'y serai donc avec ma coloc. Il est très beau, avec une vue magnifique sur le lagon et sur Orient Bay, une des plages les plus jolies de l'île. Ca va changer des combats de chiens errants la nuit et de mes 15m2...
On y sera pour une ou deux semaines, en attendant le prochain. Et on compte bien en profiter.

mercredi 3 décembre 2008

Grand-Case, l'aéroport hors normes...

Cette semaine, j'ai encore une bonne surprise en avion.
Comme tous les lundis, Julien me dépose à l'aéroport de Pointe-à-Pitre vers 14h. Je m'installe pour bosser, je patiente, je vais faire la queue pour enregistrer à 15h30, puis je fais la queue pour la douane (16h), puis je fais la queue pour le contrôle de sûreté.
Arrivée en salle d'embarquement, je bouquine tranquillement, tout en trouvant le temps un peu plus long que d'habitude. Effectivement, à 16h30, alors qu'on devrait être en train de décoller, une voix annonce qu'en raison d'un problème d'appareil, il va y avoir du retard. Départ prévu à 17h15.
Bien sûr, vous ne percevez pas l'ampleur du problème car vous ignorez que l'aéroport de Grand-Case, où nous atterrissons, est un peu particulier.
Eh oui, il n'est pas aux normes de sécurité. Ca veut dire, entre autres, qu'aucun avion ne peut y atterrir la nuit, car il n'y a pas de lumière sur la piste, hahaha!
Moi, je le sais depuis septembre (Julien en a fait l'expérience) donc j'ai deviné que nous allions atterrir côté hollandais, c'est-à-dire très loin de chez moi et surtout loin de ma voiture qui m'attend à l'autre aéroport. Rien de tel pour égayer ma soirée!
Nous sommes donc arrivés à Juliana, là où aucun employé ne parle ne serait-ce qu'un mot de français et ignore également répondre à un "hello", ou à un "thank you", ou toute autre chose. A l'immigration, 5 personnes à 5 guichets : 1 seule s'occupe de nous. Je fais donc encore une fois la queue!
Et puis, après avoir récupéré nos bagages, on sort devant l'aéroport, à la recherche de la navette de la compagnie aérienne, censée nous transporter à Grand-Case pour récupérer nos voitures. Mais, de navette, aucune trace! On s'est bien fait avoir...
Heureusement, une personne rencontrée dans l'avion a appelé un ami et m'a proposé qu'il me dépose aussi.
Je suis donc finalement arrivée à Grand-Case avec plus de 2h de retard (1h de route entre les 2 aéroports à cause des bouchons), ce qui, sur un vol de 45 minutes, est tout de même pas mal.
Vivement la prochaine aventure.

Perles du conseil de classe

Aujourd'hui, j'ai vécu mon 1er conseil de classe saint-martinois, un moment unique!
J'ai appris que :
- j'ai une élève de 3e qui traîne toutes les nuits dans un bar latino genre jusqu'à 2h du mat'
- le principal l'a même vue plusieurs fois car il "sort souvent la nuit"
- j'ai un élève borgne à vie (je pensais bêtement que son oeil rempli de sang allait se soigner un jour!)
- j'ai un élève qui a une jambe tordue depuis qu'il est petit (accident) et que ses parents attendent qu'il ait 16 ans pour que l'opération coûte moins cher
- j'ai un élève asthmatique et sa mère refuse de lui acheter une ventoline car ça coûte trop cher
- j'ai un élève qui est très violent mais c'est pas sa faute, il va faire des examens neurologiques, tout va bien
- j'ai une élève qui s'est fait frapper ce matin mais c'est sa faute, elle l'avait bien cherché : faut jamais insulter Saïd
- j'ai un élève qui pète dans tous les cours, et il doit vraiment manger des choses indigestes vu l'odeur qu'il dégage
- j'ai une élève qui me répond tout le temps avec insolence mais on peut pas le mettre sur le bulletin, vous comprenez, c'est pas le lieu
- j'ai un élève qui devrait être en SEGPA, ne comprend absolument rien à rien, ne sait ni lire ni écrire, mais je le prépare à l'épreuve du brevet d'histoire (peut-être qu'étudier l'URSS de Staline et le Front populaire va un jour le réveiller?)
- j'ai plusieurs élèves qui savent pas lire, mais ils ont qu'à travailler plus
- j'ai une élève qui n'est jamais là, mais c'est parce qu'elle préfère rester dehors
- si on a 6 de moyenne générale, c'est vraiment qu'on est un mauvais prof
- 45 demies journées d'absence en un trimestre, c'est tout à fait courant
- pour finir, certains profs ont toujours raison, d'autres toujours tort...

Sans domicile fixe

Je vais bientôt détenir un nouveau record du monde : je viens de faire mon 7e déménagement de l'année, pas mal non?
Jusqu'à présent, à St-Martin, j'étais dans un studio (trouvé depuis la France sur internet) à Marigot. La résidence était à première vue merveilleuse (piscine, porte qui donne sur la plage, vue sur la marina et les montagnes...); mais, bon, en fait, la piscine n'était que boue et nid à moustiques car non entretenue, la plage n'était pas très praticable car souvent bien sale, la rue ultra bruyante et remplie de mes élèves qui pouvaient me voir en train de faire la sieste! Tout ça pour la modique somme de 550 euros...
Dès septembre, j'ai donc décidé de bouger. Avec Aurélie, une amie d'ici, on a trouvé un appart en coloc pour 500 euros chacune : super grand, super beau, super vue sur la mer et l'île d'Anguilla, située à Grand-Case près de l'aéroport... Tout pour plaire! Sauf que l'appart n'était pas encore vraiment fini, c'était dans un immeuble en construction. Mais, on nous a garanti qu'on l'aurait dès le 15 octobre. Parfait.
Mais nous sommes le 3 décembre, et toujours pas d'appart! Entre temps, j'ai réussi à prolonger mon préavis de studio jusqu'au 30 novembre.
Et, en décembre, je suis logée par l'agence immobilière dans un mini studio qui craint et plein de chenilles! La classe... Souci : je n'ai pas vraiment de porte en fait : juste une baie vitrée, qui ferme avec une clé ridicule, pas de volets pour fermer... si bien que le proprio m'a vivement conseillé de ne jamais, au grand jamais, laisser mon ordinateur portable en mon absence (c'est le seul objet de valeur que j'ai, heureusement!) et de toujours veiller à bien tirer les rideaux pour ne pas montrer que l'appart est habité. J'étais bien entendu enchantée à l'idée d'habiter cette chose...
Et puis, lors de ma première soirée ici, la voisine d'en face vient me voir et me dit :
"you should put your car next to you!"
- why? it's not safe here?
- no! they often steel cars there.
- (trop cool!) you think I should put it closer?
- yes, because, then, if they steel your car, you can hear them and go out!
Oui, bien sûr, je me vois bien sortir en pleine nuit pour hurler à des gars de me rendre ma voiture... (en anglais)
Du coup, j'ai passé une nuit extrêmement reposante, n'est-ce pas. Avec en plus, les décos de Noël des voisins qui clignotent à travers mes rideaux, c'était féérique!
Heureusement, je ne dors à St Martin que 4 nuits par semaine.
Et le point positif dans tout ça, c'est que j'ai très hâte de déménager pour la 8e fois de l'année!