samedi 14 février 2009

La grève débarque à St-Martin



2 photos parues dans le journal local St Martin's Week à propos du mouvement des enseignants à St-Martin. (vous m'avez trouvée?)

   
Depuis mardi, le mouvement social est arrivé à St-Martin. Chose qui paraissait peu probable jusqu'alors : la population saint-martinoise est beaucoup moins politisée et habituée aux luttes sociales que celle de la Guadeloupe ; les prix sont souvent moins chers en raison de la défiscalisation et du taux de change avantageux en dollar, etc.
Et pourtant, lundi soir a eu lieu une réunion avec le mouvement contre la  vie chère à St-Martin, les enseignants, des agents EDF et France Télécom, dans le but d'organiser le mouvement social dans l'île.
Résultat, mardi matin, chaque établissement scolaire a procédé au vote en assemblée générale. Les 3 collèges et le lycée se sont mis en grève, ainsi que quelques écoles primaires.
Dans mon collège, on a décidé à la récréation de 9h de bloquer le collège à partir de 14h, le temps d'avertir les élèves. 
Ainsi, à 14h, les enseignants grévistes étaient là pour "bloquer" (en réalité, il n'y avait presque aucun élève à bloquer, ils étaient trop contents d'être en vacances prématurément). Toute l'après-midi, on est resté afin de rédiger nos revendications. 

Voici un résumé :
- des surveillants supplémentaires  (actuellement 6 surveillants pour 1200 élèves, soit 1 surveillant pour 200)
- une diminution  des effectifs dans le collège : bâtiment construit pour 900 élèves, manque de place dans la cour, manque de salles de classe, manque de chaises, manque de toilettes, problème de violence
- un respect du dispositif ZEP : ne plus dépasser 25 élèves par classe
- des contrats et des salaires pour tous les professeurs : certains contractuels n'ont pas été payés depuis décembre et n'ont toujours pas de contrat écrit
- des classes d'accueil adaptées pour les élèves non francophones ou illettrés : effectifs réduits, programmes adaptés, manuels adaptés, professeurs formés
- une formation pour les professeurs : enseignement du français langue étrangère
- une infirmière
- un CPE supplémentaire
- des moyens financiers pour les équipements pédagogiques : une salle informatique, des cartes en histoire-géo, etc.

Vous pouvez voir plus haut la photo parue dans le journal local (St Martin's week) montrant les grévistes de mon collège mardi.


Le lendemain, blocage à 7h devant le collège puis réunion avec les autres établissements au lycée afin de rédiger des revendications communes.
On a repris nos revendications enseignantes et ajouté le soutien au LKP de Guadeloupe : lutte contre la vie chère à St-Martin aussi, puisque l'eau par exemple y est beaucoup plus chère (l'eau potable provient d'une usine de déssalement de l'eau de mer, contrôlée par la plus grosse fortune locale), les loyers sont également très élevés (je payais 550 euros pour un studio), sans parler des produits alimentaires ou de première nécessité (fruits arrivés des Etats-Unis, bouteilles d'eau, de lait...).

Jeudi, blocage de 7h à 11h avec travaux manuels et brainstorming pour la réalisation des banderoles et des pancartes, en français, créole, anglais.
De 14h à 16h, réalisation des tracts en français/anglais.

Vendredi, marche pacifique dans Marigot. Nous avons été agréablement surpris de l'accueil que nous a réservé la population : les mamans ont défilé avec nous,  les commerçants ont fermé leurs rideaux sur notre passage en signe de soutien, nos banderoles et pancartes ont eu beaucoup de succès.

Le problème c'est que ce mouvement divise pas mal la population. Certains disent qu'on n'a pas à soutenir la Guadeloupe puisque St-Martin n'a pas les mêmes problèmes ; d'autres pensent que les professeurs font simplement grève pour être en vacances plus tôt ; le journal local écrit aussi que nous sommes ridicules de demander tous ces moyens alors que nous sommes des fainéants qui venons ici pour la prime mais non pour les enfants...

En tout cas, nos représentants sont reçus par le rectorat lundi, ce qui va sans doute faire cesser la grève. J'espère que ce ne sera pas un échec parce qu'on a de réels besoins, au moins pour l'enseignement...

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